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Hervé Baley

Aujourd'hui : Art et Architecture, septembre 1966, n°54 France 1, p.64

 

L’architecture est le moyen de situer l’individu dans un contexte vital.

C’est le geste de créer un lieu qui lui donne la possibilité d’être chez lui dans le cadre environnant, qui le situe par rapport à ce cadre et le situe par rapport à lui-même. En cela seulement réside le réel confort.

C’est le geste d’accueillir.

C’est faire que la forme accueille l’espace et l’espace la lumière; que l’intérieur accueille l’extérieur et que l’extérieur exalte l’intérieur.

C’est la faire fleurir l’espace au moyen de la lumière et des formes.

L’œuvre bâtie comme une plante se développe. Il n’y a que le développement de formes et espaces se développant : démarche que l’homme décide par son geste et dans son geste accompagne.

Le geste est l’efflorescence de la géométrie dans lequel elle s’épanouit et s’exalte devenant vivante et spatiale ; ainsi qu’il en est sa parure il est sa raison d’être, sa richesse, son langage.

L’œuvre architecturée est en continuel changement selon les respirations diverses de la vie ; elle est elle-même vie et devenir ; elle ne peut donc ni s’inscrire dans une définition ni s’ériger en théorie.

Elle est ambiance et non image. Image : proposition définie qui est prisonnière d’elle-même et qui emprisonne, expression d’un moment dans une époque, dans un style, dans une mode.

Telles furent depuis la Renaissance avec leur semblant de révolutions nos fiertés architecturales.

Une image ne sera jamais que belle ou laide. Une ambiance sera toujours évocatrice.

L’architecture est incantation et évocation ; son essence est analogie, sa recherche est connaissance de la vie, son expression est poésie, son verbe est hors du temps.

 

Hervé Baley.

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